Des débris d'avion
par Journal Le Hublot le 2015-12-01
Un monument
Il y a 65 ans, une catastrophe aérienne a semé l’horreur dans plusieurs familles du diocèse de Québec. Au retour de Rome, un pèlerinage prend fin sur les flans des hautes cimes françaises. 13 novembre 1950.
D’heureux événements décorent les souvenirs du monde pour la vie. Des faits dramatiques blessent l’histoire pour toujours.
Du haut de son majestueux pignon dans les Alpes françaises, un destin tragique attend le passage d’un DC-4 à son retour de Rome. Cinquante et un (51) passagers, anxieux, dont plusieurs vivaient leur baptême de l’air dans cet avion inconfortable, entrevoient enfin le confort du « bon vieux plancher des vaches » dans la joie des retrouvailles parmi les leurs pour « vider leur sac » d’anecdotes incroyables et de… médailles. Un mauvais magicien, le mont Obiou, trompe les cartes et pulvérise l’oiseau de fer. Les pentes malmenées par la température acariâtre de ce jour tragique se font complices des plus grandes difficultés. De braves sauveteurs les défient et grimpent pour apprivoiser le malheur de leurs cousins canadiens. (Voir vos revues, décembre 2000 et 2010)
Depuis 65 ans, les cicatrices suintent encore dans le cœur des familles touchées et des gens qui se rappellent ce jour noir. Les nôtres, Saint-Aubert, Saint-Jean-Port-Joli, L’Islet, Saint-Roch-des-Aulnaies et La Pocatière n’oublieront jamais et espèrent communiquer un souffle de souvenir auprès de la population qui ignore ou se rappelle ce drame. Depuis 5 ans, une plaque commémorative est installée dans la magnifique église Saint-Jean-Baptiste de Québec. Une triste nouvelle nous apprend que cet exceptionnel monument, digne des célèbres cathédrales plusieurs fois centenaires d’autres continents qui suscitent l’admiration des visiteurs, subit l’abandon de ses fidèles. Condamné, il ferme ses portes et lègue ses biens comme un moribond en fin de vie. De concert avec les organisateurs des cérémonies du 60e anniversaire, la précieuse pièce est transférée dans l’église des Saints-Martyrs-Canadiens.
Au pied du mont tristement célèbre, dans le cimetière de La Salette aménagé pour eux, un monument de la Vierge qui pleure fabriqué à même les débris tordus de l’appareil déchu veille sur les lourdes stèles de nos malheureux concitoyens depuis 2010.
Rose-Hélène Fortin