Une fenêtre sur nos gens d’ici
par Guylaine Hudon le 2022-12-06
À l’été 2022, Sarah Paquet, journaliste-pigiste pour le journal Le Hublot, est allée à la rencontre des citoyens(nes) de notre municipalité afin de donner une fenêtre sur des gens de notre milieu. Toutes les entrevues ont été réalisées dans le cadre de son emploi d’été. Nous avons essayé de diversifier les profils afin de vous offrir les vécus de différents corps de métier et professions. Bonne lecture, en espérant que vous allez apprécier tout le travail déployé.
Un métier, trois parcours, trois femmes
Être maître de poste est un métier important et sous-estimé. Rentrer dans l’univers de la poste peut s’avérer ardu, et parfois si simple d’en sortir. Je suis partie à la rencontre de trois femmes, maîtres de poste : Suzanne Godbout, Guylaine Caron et Johanne Poitras. Elles ont le devoir de trier tout le courrier dans de courts délais et ont à cœur les services qu’elles peuvent vous offrir. Elles sont le visage de chaque Postes Canada des trois secteurs de L’Islet. Saluons leur travail!
Suzanne Godbout, un métier d’une vie
Depuis 25 ans, Mme Suzanne Godbout fait carrière pour Postes Canada à titre de maître de poste pour le bureau de L’Islet-sur-Mer. En août 1997, le journal Le Hublot a publié un article mentionnant le remplacement de M. Marc-Hervé Morin par Mme Suzanne Godbout. Malgré ses nombreuses années en tant que maître de poste, Suzanne travaillait bien avant cela pour Postes Canada. Sa première apparition dans le monde de la poste était pour un emploi d’été durant son adolescence. « Mon frère m’avait dit que je ne pouvais pas manquer cette opportunité. À la fin de l’été, je me suis aperçue que je n’avais pas détesté. Donc, je suis revenue après mes études en art au cégep. J’ai commencé par faire du remplacement pour les vacances et les heures de dîners ». Il faut savoir que le bureau de poste fonctionne avec plusieurs échelons. Chaque bureau de poste a un maître de poste qui travaille durant quarante heures. Il arrive qu’une personne dite occasionnelle soit appelée à faire du remplacement. Il y a aussi le poste d’adjointe; ce poste permet de faire quelques heures au bureau de poste ou encore aider le maître de poste. « En 1976, j’ai commencé au poste d’occasionnel. Chaque samedi matin et ce, durant 11 ans, j’étais à ce poste. Malheureusement, il y a eu des coupures budgétaires et l’adjointe qui se trouvait à 36 h a voulu récupérer ses heures manquantes ». Elle s’est donc retrouvée avec aucune heure de travail assurée. Suzanne a tout de même continué à faire du remplacement. En 1995, un poste d’adjoint s’est ouvert, elle a posé sa candidature. « J’ai obtenu le poste et été adjointe à temps partiel à L’Islet-ville, à 15 h semaine, de 1995 à 1997 ». La chance lui a souri, car 2 ans après, un emploi de maître de poste à L’Islet-sur-Mer et à Saint-Eugène s’offrait à elle. « J’ai été qualifiée pour les deux endroits, mais j’ai choisi celui de L’Islet en vue des avantages qu’il offrait ».
Suzanne Godbout, lors de sa nomination en tant que Maître de poste en juillet 1997. Photo tirée du journal Le Hublot, août 1997, page 8.
Les années ont passé, plusieurs changements se sont opérés. La poste lettre, à l’époque où elle a commencé, est bien moins présente aujourd’hui. En revanche, les colis ont augmenté en flèche! L’arrivée de la Covid-19 est d’ailleurs l’un des facteurs de la croissance du volume de colis. Les magasins fermés, mais Noël et les fêtes d’anniversaire n’ont pas pour autant cessé d’exister! Encore à ce jour, les colis prennent une grande place à la poste même avec la réouverture des magasins. Les clients sont satisfaits des achats en ligne : les délais sont courts. De plus, ils sont capables de suivre le colis. Durant la crise pandémique, le bureau de poste est resté ouvert, mais les mesures sanitaires étaient bien évidemment de mise. Le port du masque, les plastiques qui séparent le personnel des clients… La Covid n’est pourtant pas le seul défi qu’elles ont dû relever.
L’un des enjeux de la poste est qu’elle ne doit pas fermer. En 25 ans de carrière, Mme Suzanne Godbout, a constaté qu’une seule fois la poste a dû fermer en raison des routes bloquées. Si les chemins sont ouverts, et qu’il fait un ‘’calvaire’’ dehors, la poste doit ouvrir pareil. « Si on se trouve incapable d’y accéder, il faut trouver quelqu’un de plus près ou encore s’organiser pour dormir chez une connaissance »
Suzanne Godbout en 2022, après 25 ans chez Postes Canada, au bureau de poste de L’Islet-sur-Mer. Photo : Sarah Paquet.
Chaque matin, ces trois femmes se présentent au travail, ouvrent ce qu’elles ont fermé la veille, s’activent pour entamer le premier tri de la poste déjà arrivé dans les locaux. Elles démêlent ce qui doit être donné à la factrice et ce qu’elles doivent garder au bureau.
L’entrevue a eu lieu en juillet 2022 et depuis, Mme Godbout a pris sa retraite.
Cadeau de reconnaissance remis par le chef de zone locale le 5 août 2022. Photo remise par Suzanne Godbout.
Guylaine Caron, une seconde voix
Mme Guylaine Caron a un parcours qui diverge de ses consœurs. Elle a étudié, tout d’abord, en finance. Ces études l’ont mené à travailler 18 ans pour les caisses populaires de Saint-Étienne-de-Lauzon et de Montmagny. Elle a ensuite rejoint la famille de Postes Canada. Cela fait déjà 20 ans qu’elle y est entrée en tant qu’occasionnelle à temps partiel, pour le bureau de Saint-Cyrille. Depuis dix ans maintenant, elle occupe un emploi de maître de poste initialement à Saint-Marcel de L’Islet. Depuis 2018, Guylaine Caron dessert la population de L’Isletville. Le bureau de poste de L’Isletville est l’un des rares ouvert jusqu’à 18 h le jeudi. Le village, au développement industriel prédominant, fait du rendement à la poste. Plusieurs travailleurs habitant dans des villages éloignés font livrer leur colis à L’Isletville. « L’enjeu en n’ayant aucun facteur pour aller distribuer les colis aux entreprises ou encore aux citoyens, ils doivent ainsi venir me voir obligatoirement pour les récupérer ».
Guylaine Caron prête à vous servir au bureau de poste de L’Isletville. Photo : Sarah Paquet.
Dès le matin, il s’agit de la course contre la montre. « Il faut que je trie le plus vite possible, car les commerçants envoient normalement quelqu’un chercher le courrier dans l’avant-midi ». La clé pour travailler comme maître de poste, il faut être autonome. « Même si on est seule au bureau, il est important de respecter les délais et les tâches à accomplir. Il faut toujours être à la page pour offrir le meilleur service en répondant toujours au meilleur de ses connaissances. De plus, à n’importe quel moment, un employeur de Postes Canada mystère peut venir nous surprendre ».
Depuis la pandémie, avec le nombre de colis qui se sont multipliés, de nouveaux visages ont franchi le seuil de la poste afin de récupérer leur précieuse commande. « J’ai vu des citoyens que je n’avais pas encore eu la chance de voir et j’ai reçu au bureau bien des choses. Parfois des caisses de crème aux tomates, parfois des caisses de gâteaux Vachon ». Le temps manquait, c’était la course folle pour arriver à tout faire dans une journée. Bien que le secteur de L’Isletville ne soit pas si vaste, les colis pleuvaient. « Ma plus grosse journée, j’ai eu 174 colis. Tous doivent être entrés dans le système et ce, un à un. On « scanne » le code barre, mais parfois il manque des informations qu’on doit compléter et après avoir reçu toutes les étiquettes il faut les coller sur une carte d’avis et ensuite les déposer dans les bonnes cases ». Toujours offrir le meilleur service est la devise.
Johanne Poitras, un nouvel avenir bien apprécié
Depuis 1990, Mme Johanne Poitras travaille pour Postes Canada. Au départ comme occasionnelle, ce premier poste lui laissait le temps de travailler pour la Corporation touristique St-Eugène avec Mme Denise Caron. Neuf ans plus tard, soit en 1999, elle est devenue occasionnelle, à temps partiel. C’est le 28 avril 2003, que Mme Johanne Poitras est devenue maître de poste au bureau de Saint-Cyrille. Le 30 mai 2005, une redirection au bureau de Saint-Eugène comme maître de poste. En avril de la prochaine année, cela va déjà faire 20 ans qu’elle sera maître de poste pour Postes Canada. Durant plusieurs années, elle était aussi responsable de la monnaie royale qui était en vente dans les bureaux de poste.