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Une fenêtre sur nos gens d’ici
par Guylaine Hudon le 2022-09-01

À l’été 2022, Sarah Paquet, journaliste-pigiste pour le journal Le Hublot, a été à la rencontre des citoyens de notre municipalité afin de nous donner une fenêtre sur des gens de notre milieu. Toutes les entrevues ont été réalisées dans le cadre de son emploi d’été. Nous avons essayé de diversifier les profils afin de vous offrir les vécus de différents corps de métier et professions. Bonne lecture, en espérant que vous allez apprécier tout le travail déployé.


Nancy Chouinard, pionnière jusqu'au bout des ongles

Nancy Chouinard, professeure et  pionnière jusqu’au bout des ongles. Photo : Sarah Paquet.


J’ai eu envie de partager avec vous le parcours d’une professeure qui m’a enseigné au secondaire. Mme Nancy Chouinard est une enseignante en français de quatrième et cinquième secondaire, à l’école secondaire Bon-Pasteur. Pionnière jusqu’au bout des ongles, elle a étudié à l’école secondaire Bon-Pasteur avant d’elle-même y enseigner.

Après son secondaire, Nancy a commencé un diplôme en     sciences administratives au Cégep de La Pocatière mais en cours de route, elle a pris un autre chemin. Le programme de lettres et langues l’intéressant davantage, elle a choisi cette voie et a obtenu son diplôme d’études collégiales pour ensuite poursuivre son chemin à l’Université de Sherbrooke.

Sur les bancs d’école au secondaire, elle était tout aussi indécise pour son avenir comme plusieurs autres adolescents. Pourquoi faut-il prendre immédiatement une décision qui guidera le reste de notre vie? Son exploration au cégep lui a permis d’apprendre sur elle-même et de constater qu’un réel intérêt commençait à se former pour le français, très présent dans son programme. L’idée de devenir enseignante lui est venue en regardant ses proches : sa mère et deux de ses tantes avaient choisi cette voie et elles semblaient heureuses dans leur profession. Ainsi, l’enseignement et son amour récent pour le français ont combiné leurs forces pour la mener vers l’université.

Elle a fait deux demandes, une première pour devenir enseignante au préscolaire et au primaire et une deuxième pour   enseigner le français au secondaire. Le sort s’est joué par la première réponse positive obtenue, celle l’acceptant au baccalauréat en enseignement du français au secondaire. À la fin de ses études, Nancy et son amoureux sont tombés malgré eux sous le charme de Sherbrooke. La ville était vivante et ma-gnifique. Devant la dure décision de choisir où s’établir après les études, le sort allait encore décider. « Nous nous sommes questionnés à savoir si on retournait à nos racines ou bien si nous restions à Sherbrooke. On s’est dit que le premier qui trouverait un emploi dans son domaine allait décider où nous     allions vivre. Je faisais du remplacement par ici, mais un bon matin, un collège de Sherbrooke m’a convoqué à une entrevue pour remplacer un congé de maternité après Noël, en janvier. J’ai passé l’entrevue, et en revenant de mon entrevue, le directeur de l’école secondaire La Rencontre de Saint-Pamphile m’a appelée et avait une tâche que je pouvais commencer dès le lendemain. J’ai accepté et nous nous sommes installés définitivement à L’Islet ». C’est une décision que nous n’avons jamais regrettée, m’a-t-elle mentionné.

En discutant avec Nancy, j’ai davantage compris ce par quoi un enseignant doit passer avant d’être permanent. Tout se joue avec les listes de priorité d’emploi. Trois contrats permettent d’atteindre la liste, ce qui permettra d’obtenir la possibilité de postuler pour devenir un employé permanent. Pour Nancy, après avoir cheminé dans plusieurs remplacements, sa carrière s’est entamée à l’école secondaire de Saint-Pamphile. À ce moment, cette école secondaire était la seule dans cette commission scolaire, mais elle a été fusionnée avec la commission scolaire d’ici, de-venant la Commission scolaire de la Côte-du-Sud, celle que j’ai connue. Une permanence s’est alors ouverte à l’école     secondaire Louis-Jacques-Casault. Il a fallu attendre l’année scolaire 2000-2001 avant qu’un poste permanent se libère à l’école secondaire Bon-Pasteur. Depuis qu’elle y est entrée, elle n’en est plus ressortie.

Comme déjà mentionné, Nancy était déjà une pionnière du temps où elle occupait les bancs d’école. Retourner en tant qu’enseignante dans son école secondaire lui a fait découvrir les deux mondes qui existent dans une école. « C’est comique, quand tu arrives dans la salle des enseignants et de voir des profs qui t’ont enseigné se faire des blagues. Ça m’a montré un côté d’eux que je n’avais pas eu la chance de voir en étant élève ». Son intégration au sein de l’école n’en fut que des plus agréables; elle avait déjà quelques années d’expérience et de connaître la plupart des professeurs autour d’elle lui a permis d’intégrer la grande famille de Bon-Pasteur.

Les années ont passé, Nancy a su s’épanouir dans son rôle de professeur. Avec l’expérience, elle modifie ses cours avec les besoins de la classe. La matière reste la même, mais la façon d’enseigner peut varier afin de garder le plus d’intérêt possible dans la classe. Être enseignant comporte des enjeux incomparables, ce sont eux qui forment la génération de demain. La     réussite des élèves est une fierté et pour y arriver, il faut avoir un climat d’apprentissage adéquat pour subvenir aux besoins de tous. Pour Nancy, l’arrivée de la technologie a été tout un défi, car elle a influencé tout le système. « Je ne suis pas fermée à la technologie, je trouve simplement qu’il faut s’en servir avec logique parce qu’il peut s’agir aussi d’une grande source de distraction, comme le cellulaire, particulièrement ».

L’arrivée de la Covid a aussi beaucoup changé l’enseignement et a obligé plusieurs enseignants à s’approprier la façon de se servir de la technologie. Maintenant, la technologie fait encore plus partie de la vie de la majorité de la population tout comme du système d’éducation. « Il faut savoir doser, en faire une utilisation intelligente! » L’arrivée des tableaux interactifs et des ordinateurs portables en classe, pour Nancy, servaient davantage qu’un projecteur ou un tableau blanc. La Covid a tout bouleversé. Les professeurs ont dû suivre des formations afin d’être capables de se servir sans problèmes de la plate-forme de communication Teams, d’apprendre à monter leurs cours sur des Powerpoint ou autres, à faire des partages d’écran, à former des salles de dérivation pour les travaux en équipe alors que chaque élève était chez lui, dans sa maison, et à bâtir des activités comme si les élèves étaient en classe. Malgré certains aspects stressants de l’école à distance, Nancy garde malgré tout de rigolos souvenirs : « Parfois, il m’arrivait de m’expulser de mon propre cours en voulant partager mon écran et de devoir réintégrer mon cours dans lequel les élèves m’attendaient… On a aussi vécu des trucs impossibles à vivre quand les élèves sont à l’école, comme l’arrivée à l’improviste d’animaux de compagnie dans les écrans, ou encore voir des parents passer derrières les élèves… D’autres aspects étaient plus difficiles. On pouvait jaser avec certains élèves mais pas autant qu’en classe et le côté humain de mon emploi me manquait beaucoup. Quand les élèves ont pu revenir une journée sur deux à l’école, c’était un second souffle de pouvoir enfin interagir avec un autre être humain et non à travers un ordinateur! ». Comme Nancy, plusieurs professeurs ont été affectés par ce manque d’humanité tout comme pour les élèves.

En terminant notre entrevue, elle me disait combien il lui fait plaisir de croiser d’anciens élèves et de voir où ils sont rendus. Elle est fière quand ces derniers lui reparlent d’une activité faite en classe, ou d’un voyage à New York qu’elle a organisé ou encore d’une participation à Secondaire en spectacle, événement dont elle est une des quatre membres fondateurs. Un bon lien avec ses élèves est précieux et c’est ce qu’elle souhaite continuer de créer du mieux qu’elle peut. « Mon souhait est de continuer à faire rayonner l’école secondaire Bon-Pasteur avec une équipe unie et, pourquoi pas, de voir l’examen d’écriture du Ministère se faire par ordi avant ma retraite! » dit-elle en riant.


Sarah Paquet, journaliste-pigiste

Journal Le Hublot




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