Ma rencontre avec Irma Dijon
par Guylaine Hudon le 2020-08-25
Ce texte est une fiction. Suite du mois précédent.
Chapitre 14
- Bonjour Antoine, un bon sommeil s'arrime bien avec un jus d'orange pressé à même les fruits de mon orangeraie. Je te souhaite une bonne journée. Le soleil est avec nous et cette chaude brise nous invite à la terrasse. Le drone serveur fît son travail.
- J'ai bien aimé rencontrer tes parents. Ils sont précieux pour toi. Crois-moi! Je trouve que les enfants ont beaucoup de chance de vivre cette fin de siècle. La misère et la pauvreté sont d'un autre temps. Les enfants peuvent choisir de se construire une vie enjouée, équilibrée entre le sens commun et l'ego personnel. Ma vie prendra fin dans un nouveau monde sans radioactivité tueuse. Je me sens réconfortée par les bonnes nouvelles dévoilées par tes parents.
- Es-tu disposé pour continuer notre entrevue sur ma rési-lience?
- Parfaitement Dame Irma. Je suis tout ouie. Je crois que vous arriviez en Suède chez votre ami Jack?
- Même si BIG ONE sévissait, il n'était pas lié à la question du réchauffement climatique. Cependant, au début de la saison des ouragans, le deuxième de la saison debutante, Belzébuth, un gigantesque ouragan a pris son énergie dans l'Atlantique sud et se propulsa avec des vents atteignant 325 km/h.
- Heureusement pour moi, Jack était un excellent stimulant, un ami rare qui m'aida dans mon processus de résilience. N'oublions pas Antoine que l'État d'urgence était mondial après Big One, le choc du Moyen-Orient et Belzébuth. Les archives visuelles du tsunami engendré par Big One sont plus que troublantes. La vague principale avait une hauteur de 112 mètres et une largeur de 2 400 km. L'Asie fût cruellement touchée, îles, archipels, côtes et deltas asiatiques furent pulvérisés par les inondations monstrueuses et titanesques. On estime la mortalité à plus ou moins 1,5 milliards de personnes excluant le monde animal. Le 24 juin 2027, Belzébuth s'engouffre dans le Golfe du Mexique de la pointe mexicaine du Yucatan jusqu'à Miami, Floride, les Antilles, les Bermudes, Cuba, Haïti... disparus sous les flots engendrés par le plus dévastateur des ouragans jamais enregistrés. Tous les états limitrophes au Golfe du Mexique dévastés sur une profondeur moyenne de 120 kilomètres. Avec Belzébuth nous étions dans le réchauffement climatique contrairement à Big One.
- Moi, Jack et le monde entier étions dévastés; l'humanité était en deuil... mais il fallait vivre l'état d'urgence. La production humaine d'adrénaline a dû connaître un pic extrême pendant cette période. Nous n'étions qu'en 2027.
- Quelques jours après mon installation en Suède, Jack me présenta à Greta Bürden et son équipe politique. Avais-je dit que Jack était conseiller spécial pour les questions environnementales dans l'équipe Bürden?
Chapitre 15
- Greta Bürden a été cette jeune suédoise qui avait inspiré la grève étudiante pour le climat en 2019. Des millions de jeunes du milieu estudantin et des adultes de partout dans le monde ont répondu à son appel pour sauver la planète. OSCAR te réfèreras à mes notes biographiques sur Greta parues en 2043.
- Je te parle d'elle car elle est intimement liée à ma rési-lience et à celle de milliards de personnes. Au-delà de l'immense impact médiatique de la grève étudiante de 2019, Greta avait un plan d'ensemble pour sauver la planète. Elle avait constitué un réseau de ressources humaines foncièrement efficace pour atteindre son objectif.
- Parfois une catastrophe peut devenir catalyseur pour un progrès rapide dans la coopération internationale. J'en ai fait état dans mon histoire mondiale des mentalités publiée juste avant Big One. N'étions-nous pas dans un rebondissement historique sans précédent?
- Greta était entourée d'une équipe scientifique de haute compétence. À son premier contact, je pensais à ma belle Hélène... cette jeune femme était resplendissante. Elle parlait le suédois, l'anglais et le français avec un bel accent. Nous avions déjà un point commun, nous parlions les trois mêmes langues. Malgré la différence d'âge, moi à 67 ans et elle à 23 ans... elle est devenue comme ma petite-fille... j'en parle longuement dans mes notes sur Greta Bürden (2043).
- Après cette rencontre et de retour à mon appartement d'emprunt, je saisis les notes de mes souvenirs et écris là où tout a commencé pour moi. Leurs corps, leurs odeurs, leurs voix et leurs enseignements... j'avais quatre ou cinq ans dans le grand bureau de mes parents. J'étais une enfant privilégiée des années 1960 en Californie, en pleine effervescence et de surcroît novatrice que la jeunesse du monde entier visitait dans l'espoir d'un nouveau monde. La jeunesse parcourait le monde, un besoin incessant de tisser des liens dans les cinq continents.
- À cinq ans, mon père m'initia au surf avec une petite planche blanche et rouge et mon prénom gravé dessus. C'est le premier souvenir que j'ai écrit dans mon cahier pour démarrer ma résilience...
- Tu vois Antoine, je suis une personne privilégiée à 117 ans avec presque toute ma lucidité. J'ai toujours remercié mon cerveau, ce vaillant, toujours prompt à fonctionner rondement. Je te disais que j'aimais ta curiosité de jeune à l'éveil de ton âge adulte. Pour moi la curiosité, c'est la richesse perpétuelle. Mes parents ont été si près de moi, enfant unique. Mes parents universitaires en littérature comparée avait un très grand bureau de travail à la maison, à quelques kilomètres de l'océan Pacifique. Dans ce bureau qui n'était ni plus ni moins qu'une bibliothèque, il y avait des livres, des revues partout. Ils avaient chacun une table de travail avec une dactylo. Mes parents avaient des horaires de travail différents et jusqu'à l'âge de 14 ans. Mes parents ont été mes professeurs à la maison et avec l'aide de quelques ressources extérieures pour parfaire mon instruction. À quatre ans, mon père installa une autre table de travail pour moi seule dans le bureau familial. Mes parents m'ont appris à lire, à écrire, à réfléchir et à visualiser.
- Je crois qu'il est temps de faire une pause Antoine.
Guy Laprise
(Le chapitre 16 suivra dans la prochaine édition de votre journal.)