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Au temps du déconfinement
par Guylaine Hudon le 2020-08-06

Est-ce que tout va bien?

À chaque fois c'est la même chose. Que vais-je écrire ce mois-ci dans notre journal? Et bien à chaque fois, il arrive un déclic souvent parmi mes lectures. Voilà que je débute mon texte avec une citation qui résume notre état général dans cette pandémie toujours déclarée et en propagation sur la planète, inspirée de La Cigale et la Fourmi, une fable fort connue de Lafontaine. La fable remaniée est écrite par une connaissance de Mme Jo Dubé de Saint-Jean-Port-Joli réputée pour son engagement communautaire. Elle a diffusé de texte sur sa page Facebook.

FABLE (de Lafontaine???)

La Cigale, s'étant déconfinée tout l'été,

Se trouva fort dépourvue

Quand la 2e vague fut venue.

Pas un seul petit pot

De Purell ou de papier « cul ».

Elle alla crier Câline de bine

Chez la fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelques masques pour se protéger, jusqu'à la fin de ce bordel

Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant Noël, foi d'animal,

Intérêt principal.

Mais la fourmi n'est pas prêteuse ;

C'est là son moindre défaut.

« Que faisiez-vous au temps chaud? Dit-elle à cette emprunteuse.

- Nuit et jour à tout venant

je me collais, je sortais et me joignais aux foules.

- Vous vous colliez, sortiez et vous alliez dans des foules? J'en suis fort aise....

Eh bien, Toussez maintenant. »

Source : Jo Dubé sur Facebook 20200629.

Bon, une accalmie est présente avec Covid-19 dans notre territoire. Les tou-ristes sont de passage... il semblerait qu'une deuxième vague est à venir selon les spécialistes de la virologie. Je vous dirais que moi aussi j'aimerais bien me taper une petite escapade dans la mé-tropole où j'ai plusieurs sœurs, frères et amis? Cela attendra!

Peut-être que notre génome humain contient un gêne voué à l'autodestruction? Cela me rappelle le livre de Jared Diamond, un scientifique réputé, Le troisième chimpanzé : essai sur l'évolution et l'avenir de l'animal humain (1991). Dans cet ouvrage, le Dr Diamond décrit que notre génome contient 98 % des gênes des primates connus c'est-à-dire les grands singes et neandertal. La différence génétique entre l’homo sapiens et nos voisins sur deux pattes est de 2 % dans notre ADN. Ce fameux 2 % est l'ensemble génétique propre aux humains et c'est ce qui aurait déterminé notre identité unique comme espèce. Les caractéristiques de ce 2 % d'ADN sont associées à notre pouvoir de conscience, de créativité, de longévité et de langage... ce que 98 % de notre bagage génétique de primate ne peut pas réaliser. Donc, ce petit 2 % de gènes a conduit les humains à ce qu'ils sont aujourd'hui.

L'érudit Dr Diamond présente une abondance de connaissances scientifiques remarquablement vulgarisée. Cependant, si j'ai bien saisi cette longue lecture que ma mémoire me rappelle (à partir de mon 2 %), il attribuait certains comportements humains pour expliquer des problématiques sociales comme la toximanie, la violence et autres comportements dits déviants. Ainsi, plusieurs de ces comportements seraient appliqués et expliqués par la constitution du 98 % de nos gènes de primates, comme des mémoires enfouies mais actives dans notre 100 %. L'exemple est de moi... Suppo-sons que nous ne connaissions pas nos systèmes d'éducation (lire, écrire, compter, réfléchir, moi et les autres, etc...) Que serions-nous? Le mâle humain serait-il en rut quotidiennement? De tous les mammifères, seule la femelle humaine connaît la ménopause. Le Dr Diamond décrit tout cela clairement et c'est fascinant de détails et de comparaisons. Comme dit l'adage : nous ne sommes pas nés d'hier!

Revenons à la réalité. Pandémie, pandémie quand tu nous tiens! Dans l'ensemble de la biodiversité, l'humain peut être envisagé comme un prédateur, mais il n'est pas de taille contre Mère Nature. On bouffe les matières premières comme du pop corn. Nos rejets de consommation sont une honte universelle. Notre considération pour des milliers d'espèces vivantes est de l'ordre du génocide. Ajouter à cela les problématiques social-les déviantes, les inégalités et les injustices. Notre mode de vie est sérieusement remis en question par quelques hélices d'ADN virales. La Nature ne fait pas de différence entre moi et une mouche domestique. Et en repensant aux lignes du Dr Diamond, se pourrait-il que puisons dans notre 98 % pour expliquer nos dérives guerrières et destructrices?

Quoi qu'il en soi, il est rare de connaître de très grands changements dans une société. Cela s'étale généralement sur des décennies, voir des siècles. Le contexte provoqué par cette pandémie est de notre vivant une réalité commune. On ne peut y échapper. Certes on peut la nier, mais nos chances d'une contamination nous place tous et toutes sur le même pied. Dans une société démocratique, les idées circulent librement. Dans la biodiversité, les bactéries et les virus circulent librement.

L'animatrice, journaliste et sociologue Marie-France Bazzo fait le point :

Et en ce moment, nous sommes indécis mais pleins d’espoir : nous sommes comme en vacances, mais sans avoir connu la fin de l’année scolaire ni de l’année de tra-vail. Nous sommes passés sans transition d’un printemps maussade à un été radieux, et du confinement anesthésiant à des vacances sans objectifs. Nous voyagerons dans notre cour, n’irons pas à Plattsburgh, traverserons le Nouveau-Brunswick comme des hors-la-loi, coloniserons nos balcons. Le Québec est maintenant déconfiné en entier et résolument entré dans la nouvelle normalité.

(Source : Marie-France Bazzo, L'actualité de mai-juin 2020).

Évidemment,le confinement a heurté la fragilité économique des ménages; cela est tangible, palpable. Plusieurs sondages démontrent que la pandémie a (à ce jour de juillet 2020) frappé durement les Canadiens. Un sondage commandé par la Banque CIBC publié le lundi 29 juin dernier indique clairement que les répercussions économiques ont eu un effet négatif sur les finances de 46 % des Canadiens, et 47 % des répondants estiment qu'il leur faudra plus d'un an pour remettre leurs finances personnelles sur les rails, d'autant qu'ils sont 79 % à se dire préoccupés par une récession persistante l'an prochain.

(Source : La pandémie a frappé durement les Canadiens, Le Devoir, 30 juin 2020. B4).

Et pendant que les spécialistes de ce monde affirment qu'il sera difficile d'échapper à une seconde vague virale sans doute à l'automne, cela augure mal pour nos portefeuilles et notre santé mentale? Demeurons le mieux informé possible car il faut préférablement prévenir que guérir...

Alors comment allez-vous?

Guy Laprise




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