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Au temps du déconfinement partiel en temps de pandémie… ou variation sur un même thème
par Guylaine Hudon le 2020-06-26

Tout peut-être relatif même en temps de pandémie? J'attendais un tout petit colis en provenance du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Après dix jours d'attente, je m'informe auprès de la maître de poste locale. Je lui explique mon attente. Elle me confirme l'engorgement très important des livraisons des colis car la consommation par voies numériques a explosé pour compenser l'absence des visites au centre d'achat d'avant confinement. Au début de cette pandémie et de notre confinement, l'idée de la consommation venue à mon esprit était justement un transfert important de la consommation des biens et services par l'achat en ligne et donc d'une livraison à domicile. S'il y a engorgement aux services des postes tant publics que privés, c'est donc dire que le bouton consommation est pleinement opérationnel en se substituant au commerce de détails d'avant pandémie? Ha les questions qui me turlutent... j'aimerais bien connaître la liste de tous ces achats, juste pour voir, par pure curiosité. Il faudra plus qu'une pandémie mortelle pour changer ce besoin viscéral de consommer? Il semble aussi qu'il faudra plus qu'une pandémie pour mettre fin à la folie raciste de nos voisins du sud. Je suis dans une impasse philosophique: entre la tolérance et l'intolérance?

Je l'avais déjà dit, il y a énormément de lectures à faire sur ce contexte de pandémie et de la remise en question souhaitée de notre mode de vie opulent qui donne instantanément la satisfaction de consommer et de jeter après usage. L'influence techonologique de l'informatique et du Web n'est plus à démontrer ni à nier. L'omniprésence des outils hi-tech accompagne nos propres décisions dans toutes les sphères de la vie : dans les loisirs, dans le travail, en amour, dans la consommation des biens et services, dans la culture, dans la littérature, dans les sciences, à l'école, à la maison, en vacances, dans tous les domaines de recherche, dans les communications, en voyages et dans le commerce électronique en général. Partout le sans-fil est roi. Avec le confinement, le commerce électronique connaît une expansion sans précédent. Plus de 80 % des ménages québécois ont une connection Internet. Ainsi, le paiement en billets papiers a connu une hécatombe à tel point qu'un discours d'internaute prône l'abolition de l'argent papier. À lui seul, cet élément ne disparaîtra pas après un déconfinement total. Tout est volatile. Il y a plusieurs années un grand débat avait soulevé la dua-lité entre l'édition papier des livres versus le livre numérique. Aujourd'hui on sait que les libraires ont perdu un pourcentage significatif de la clientèle qui détourne son accès traditionnel à la lecture. Comme les tablettes et autres appareils intelligents, l'habitude est vite acquise pour assurer nos divertissements. J'ai bien hâte de voir la fréquentation de nos petites bibliothèques publiques québécoises. Les musées sont vides de monde. Je peux faire des visites virtuelles partout sur la planète dans les grands musées ou les petits. Et la tendance montre que l'usage du numérique sera encore plus présent puisque le télétravail a la plus haute cote... les écoles à distance ne sont plus rares... mais je vous fais un secret : j'ai vraiment hâte de serrer la main à une personne vivante et en même temps, il y a des mains qui serrent celles de personnes mortes à cause de ce foutu virus. Mathieu Dugal exprime bien une tendance actuelle forte :

Des algorithmes qui nous lisent sans notre consentement et qui nous rendent addicts (c'est démontré scientifiquement) et qui mettent même en danger notre démocratie et notre capacité à se parler (ça aussi c'est démontré).

Ça, c'est préoccupant. Et il y a des zillions de tonnes d'études et des millions de gens (dont un méchant paquet issus de la Silicon Valley) qui le répètent depuis des années, voire même des décennies.

Quand l'inventeur du Web lui-même, Tim Berners-Lee, écrit noir sur blanc que son invention a été détournée, dévoyée, qu'est-ce que ça nous prend de plus?

Si nous voulions être plus intelligents que ces objets connectés dont nous nous équipons sans trop nous poser de questions, on se poserait justement beaucoup plus de questions à propos du big picture, et pas juste à propos d'une application dont les créateurs font preuve d'une bien plus grande transparence que celui qui gère la plateforme sur laquelle j'écris ça actuellement.

Des états généraux sur la donnée, ce serait vraiment pas un luxe.

C'est pas d'être technophobe d'écrire ceci, c'est plutôt le contraire.

(Source : Mathhieu Dugal, journaliste et animateur à Radio-Canada via Facebook le 2 juin 2020.)

Et les philosophes qui invitent à réfléchir pour mieux agir demain. Un journaliste français demande au philosophe André Comte-Sponville que sont pour lui les éléments à retenir de cette pandémie et du confinement universel :

J’en vois trois principaux. D’abord l’importance de la solida-rité : se protéger soi, c’est aussi protéger les autres, et réciproquement. Ensuite le goût de la liberté : quel plaisir ce sera de sortir de cette "“assignation à résidence”qu’est le confinement! Enfin l’amour de la vie, d’autant plus précieuse quand on comprend qu’elle est mortelle. Gide l’a dit en une phrase qui m’a toujours frappé : "“Une pas assez constante pensée de la mort n’a donné pas assez de prix au plus petit instant de ta vie." Le Covid-19, qui fait que nous pensons à la mort plus souvent que d’habitude, pourrait nous pousser à vivre plus intensément, plus lucidement, et même – lorsqu’il sera vaincu – plus heureusement (Source Le philosophe André Comte-Sponville nous livre ses impressions sur la crise sanitaire actuelle et s’insurge contre le politiquement correct. Revue numérique L'Écho du 27 mai 2020 via Facebook.)

L'incomparable neuropsyquiatre Boris Cirulnik ajoute :

On a oublié qu'on appartenait au monde vivant : on partage la planète avec les animaux. Si on enferme les animaux, si on fait de la surpopulation dans les élevages, on crée les conditions de fabrication de virus. Ensuite les avions et les autres moyens de transport font le reste. Bref, si on massacre le monde vivant, on partira avec lui.

(Source : Boris Cyrulnik sur France Inter via Facebook)

À la prochaine et bonne réflexion!

Guy Laprise

PS : ami-e(s) lecteur-trice(s), vous avez le goût de partager votre expérience de confinement, faites parvenir un texte ou des photos au journal Le Hublot.




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