Au temps du confinement pendant une pandémie à L'Islet
par Guylaine Hudon le 2020-05-11
Il n'est pas simple de s'exprimer sur le sujet de la COVID-19, de sa pandémie et du contexte de confinement qu'il impose. Il y a en circulation tellement d'informations sur cette pandémie et dans tous les axes : santé, politique, économique, social, culturel, écologique.
Ainsi tous les domaines d'activités humaines sont perturbés ou suspendus pour un temps indéterminé. Des millions de personnes et des familles confinées physiquement. Les personnes âgées sont les plus vulnérables contre toute forme de virus et c'est une addition plus symptomatique avec le COVID-19. Cette pandémie remet en question les us et coutumes de notre vie d'il y a quelques mois passés.
Nous en sommes là, je cite Michel David dans un texte intitulé : Cette insoutenable légèreté paru dans l'édition papier du journal Le Devoir en date du samedi 11 avril dernier en page B3 :
Il est difficile de ne pas rager en lisant jeudi (9 avril 2020) dans le Globe and Mail qu'un rapport de 550 pages daté de 2006, dans lequel on avait tiré les conclusions de l'expérience du SRAS, avait averti les autorités fédérales de l'état d'imprégnation du pays en cas de pandémie et proposé des mesures qui auraient peut-être permis de sauver des milliers de vie qui seront fauchées par la COVID-19.
Le rapport tenait de la prémonition : La prochaine pandémie prendra naissance ailleurs qu'au Canada. Il apparaîtra ici trois mois plus tard, mais cela pourrait bien être beaucoup plus rapide en raison du volume du trafic aérien. On évaluait le moment du pic et on prévoyait que la première vague de contagion serait suivie d'autres vagues. Sans parler de la pénurie de matériel médical et de l'égocentrisme des gouvernements soucieux de protéger leur propre population au détriment des autres.
Il est à souligner que la Dre Theresa Tam, aujourd'hui directrice de la Santé publique au Canada, faisait partie des auteurs de ce rapport. Elle est sans doute la mieux placée pour mesurer les conséquences de la légèreté avec laquelle on a expédié le rapport sur une tablette.
Au moment où vous lirez ces lignes, la situation sera encore différente de celle du 11 avril dernier. Cependant, plusieurs penseurs, sociologues, philosophes, économistes, écologistes, neuropsychiatres, journalistes scientifiques (Boris Cyrulnik, Edgar Morin et plusieurs autres) conduisent des réflexions sur pendant et après cette pandémie COVID-19. Un point commun partagé par beaucoup d'observateurs et par monsieur et madame tout le monde : la vie dite normale d'avant pandémie et la vie normale après pandémie auront conduit les sociétés humaines à une nouvelle clairvoyance planétaire. Il ne faut pas oublier que pendant cette pandémie, les autres maladies ne disparaissent pas.
Le petit microcosme de L'Islet est sous le choc comme partout ailleurs. Il y a le téléphone et le Web pour entretenir notre besoin fondamental de communiquer entre nous.
Continuons de communiquer entre nous. Tout ira mieux? Tout va bien aller!
J'ai beaucoup étudié l'histoire en général, il y a longtemps. L'histoire fait état de beaucoup de choses et il va de soi que les notions d'épidémie, de famines ou de grippe espagnole, les cas ne manquent pas. L'étudiant en histoire essayait d'entrer dans le comment des choses du passé pour ressentir les sentiments supposés dans un territoire donné. Par exemple, comment les gens qui ont vécu une pandémie de peste en 1348 concevaient-ils leur monde? Difficile question mais des décennies plus tard, je me retrouve dans un état tragique et commun à toutes et tous quelle que soit la direction. Vivre au cœur d'un grand bouleversement porte à réfléchir, il n'y a pas seulement nos émotions collectives qui sont présentes, notre cerveau a aussi besoin de savoir, nous intellectualisons les événements. Les rapports sociaux que nous connaissions depuis nos naissances sont ébranlés par un confinement obligatoire et de bon sens commun. Nous attendons le vaccin.
Ma mère adorée disait régulièrement qu'il y a des personnes qui meurent de faim en ce bas monde. Avant la pandémie, la pauvreté dans le monde touchait des dizaines de millions de pauvres. Année après année il y avait globalement moins de pauvreté que l'année précédente depuis plusieurs années et ce, grâce à toute la multitude des organisations humanitaires (ONU, etc...). En ce moment même, la pandémie amène les scientifiques à faire beaucoup de compilations, d'études en continue, d'hypothèses dans tous les champs de la science. Pour nous ici en ce moment, le litre d'essence à 0,80 $ est sans doute une décroissance de l'industrie pétrolifère mondiale. Et le confinement fait en sorte que les automobiles domestiques circulent sur de très petites distances. Le tourisme est suspendu...
Alors, l'économie ne sera jamais plus comme avant. Une prévision économique pour 2021 : un minimum de 500 millions de pauvres additionnels sur la planète, soit l'équivalent potentiel d'un marché de 300 millions d'automobiles neuves qui ne seront jamais construites, faute de clients. Pendant que quelques mil-liardaires de ce monde perdent quelques centaines de millions en bourse... les multinationales et autres entreprises veulent tout d'un coup l'aide des états pour payer les salaires ou c'est le chômage. Il est important de maintenir un bel équilibre entre notre intellectualisation de la pandémie et nos émotions très sensibles. Prendre le temps de réfléchir... et du temps, tout le monde en a à revendre pendant le confinement. Y aurait-il un bon momentum pour construire autre chose, cette pandémie et sa crise économique très rapprochée et déjà présente pourraient-elles être des signaux pour amorcer la soi-disante transition écologique de l'économie mondiale et locale? Il est question de notre condition humaine.
Il est tout aussi important d'aimer vos enfants et vos proches. Nos personnes âgées méritent doublement notre amour et nos soins prodigieux dans cette grande adversité. Beaucoup de personnes continuent à travailler en partageant notre souffrance collective.
Suggestion : laissez aller votre créativité.
Tout va bien aller! N'ayez aucune hésitation à demander de l'aide, si besoin. La vie va poursuive son court. Soyons con-fiants!
Finalement, je termine avec une invitation en tant qu'administrateur de votre journal Le Hublot qui demeure un service essentiel même si son édition mensuelle a un léger décalage du quotidien. Le conseil d'administration invite la population à lui faire parvenir des textes et des photographies sur des sujets qui vous habitent surtout en cette période troublante pour notre collectivité, ici et ailleurs.
Guy Laprise