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Des moulins et des gens d'ici
par Guylaine Hudon le 2020-05-08

Le moulin seigneurial de Bonsecours ou moulin Calixte Thibault (1763-1922) : l’histoire complète

Quatrième partie – De Casgrain à Calixte Thibault (1854-1922)

Le mois dernier, on a décrit l’histoire de ce moulin jusqu’à la fin du régime seigneurial. Ce mois-ci, on poursuit avec l’époque suivante et l’arrivée de Calixte Thibault.

La famille Casgrain après la fin du régime seigneurial

Suite à l’abolition du régime seigneurial en 1854, l’ancien seigneur Olivier-Eugène Casgrain montre son intention de se départir de son moulin à farine. En 1861, il publie une annonce de vente dans le journal Le Courrier du Canada, en vain. On y apprend, entre autres, que le moulin contient « trois moulanges, bluteaux allemands et autres ».

Olivier-Eugène Casgrain décède le 20 décembre 1864. Toutes ses propriétés, incluant le Petit Moulin, sont léguées à sa veuve Hortense Dionne (1816-1894). Cette dernière conserve les biens de son défunt mari jusqu’au 28 septembre 1873, date où elle les cède à son fils, le notaire Jules-Étienne Casgrain (1837-1895).

À cette époque, selon les contrats, l’ancien moulin seigneurial portait le nom de « petit moulin ou vieux moulin ». Son petit terrain de forme irrégulière, situé du côté ouest de la rivière, était entouré par la terre de Vincent-Anastase Cloutier au nord-ouest, sud-ouest et sud-est, et avait pour voisin Joseph Labbé au nord-est, de l’autre côté de la rivière. On apprend également qu’un certain Pierre Fournier possédait un bail emphytéotique sur une portion du terrain devant le moulin, au nord-ouest, contracté auprès d’Hortense Dionne.


Calixte Thibault et Arthémise Gamache, sa seconde épouse. Photo : Ancestry.ca.


Transfert du moulin à Calixte Thibault

Jules-Étienne Casgrain ne reste pas longtemps propriétaire du moulin donné par sa mère. Le 11 décembre 1873, il le vend pour 2 800 $ à Jean-Baptiste Proteau (1825-1890), meunier de Saint-Aubert et alors maire de cette paroisse. Le contrat situe « le moulin banal à farine en pierre à deux moulanges » au même emplacement que les vieux contrats du 18siècle, soit « en la seconde concession de ladite paroisse de L’Islet, seigneurie Bonsecours ».

Jean-Baptiste Proteau, bien que propriétaire du moulin, n’y a pas résidé : il l’a sans doute plutôt acheté pour le jeune meunier Calixte Thibault (1850-1933), époux de sa fille Marie Proteau (1848-1876). Le couple s’est marié le 28 février 1870 et a d’abord élu domicile à Montmagny. Lorsque son beau-père se porte acquéreur du moulin en 1873, Calixte Thibault et sa famille y emménagent. Ce dernier opère dès lors l’ancien moulin seigneurial.

Le 24 novembre 1876, Marie Proteau est gravement malade et fait rédiger son testament au moulin devant le notaire Casgrain, l’ancien propriétaire des lieux. Au même moment, Jean-Baptiste Proteau vend le Petit Moulin à son gendre Calixte Thibault, le meunier de ce moulin depuis trois ans. Le moment de cette vente n’est pas anodin : en raison de la mort imminente de sa fille, Jean-Baptiste Proteau veut de toute évidence couper ce lien qui l’unit à son gendre, qui ne le sera bientôt plus. Calixte Thibault n’aura alors plus rien à devoir à son ancien beau-père. Marie Proteau décède finalement le 30 novembre 1876.

Par le contrat de vente du 24 novembre 1876, Jean-Baptiste Proteau cède à Calixte Thibault sa part déjà payée auprès de Jules-Étienne Casgrain pour la vente du moulin en 1873. Pour finaliser la transaction, Calixte Thibault doit payer la balance restante à Casgrain. La vente du moulin de Proteau à Thibault est donc en quelque sorte un transfert d’hypothèque. Casgrain déclare avoir déjà perçu 1 600 $ sur les 2 800 $ totaux et demande les 1 200 $ restants à Thibault dans les trois prochaines années.

Le moulin sous Calixte Thibault (1873-1922)

Calixte Thibault se remarie avec Marie-Arthémise Gamache (1857-1928) le 27 août 1878. Pour financer l’achat du moulin, il émet des obligations dans les années suivantes. Il vend notamment trois obligations à Barthélémy Pouliot, marchand et politicien de L’Islet.

Le 16 avril 1883, son fils Auguste Thibault, seul enfant de son premier mariage encore en vie, se noie dans la rivière près du moulin à l’âge de dix ans. Le journal L’Étendard écrit :

« Un enfant de dix ans, fils de M. Calixte Thibault, menuisier de cette paroisse, s’est noyé dimanche soir en retournant de l’école. Vers cinq heures du soir, ne voyant pas revenir son enfant, M. Thibault se rendit à la maison d’école où l’institutrice l’informa qu’il était parti depuis longtemps. Le père inquiet reprit le chemin de la maison, et arrivé à un cours d’eau débordé par la fonte de la neige, il y aperçut le cadavre du petit infortuné ».

En 1898, Calixte Thibault diversifie les activités du moulin et vend à Onésiphore Carbonneau et Joseph Simoneau le droit de puiser de l’eau à l’écluse de son moulin et de l’acheminer par un aqueduc à L’Islet-Station. Il s’agit là du premier service d’eau potable de L’Isletville. Un article complet de Jeanne-Aimée Bélanger sur ce sujet est disponible sur le site internet du journal Le Hublot.

Le mois prochain, pour la dernière partie de l’histoire de ce moulin, on présentera l’incendie du moulin et de ce qui est advenu du site par la suite.

Tristan Morin




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