Ma rencontre avec Irma Dijon
par Guylaine Hudon le 2020-02-25
Chapitre 4
Ce texte est une fiction. Suite du mois dernier.
Tu aimes cette eau de source. Elle vient directement des montagnes que tu vois au nord de la presqu'île. Elle est pure et toujours fraîche.
Dans notre trajet en chaise porteuse pour venir ici, vous alliez me dire où vous êtes née?
- Ma mère quitta Aix-en-Provence pour la Californie en 1959 pour aller rejoindre mon père où elle débusqua un emploi à San Francisco alors que mon père travaillait à Los Angeles, la cité des stars. La première année en fut une d'aller-retour entre les deux villes. De nombreuses escapades les conduisirent à faire le tour de la Californie et des états limitrophes. La même année, ma mère fut enceinte de moi. En juillet 1960, mes pa-rents avaient le projet de visiter la région francophone dans l'est du Canada. Elle voulait que mon père ait une idée de l'enchantement qu'elle conservait de son passage précédent comme professeure invitée à Québec... et pour revoir le majestueux fleuve Saint-Laurent. Enceinte de sept mois et demi, elle entreprit ce voyage en s'attitrant le rôle de guide pour mon père.
- Parlant tous les deux la langue française, ils durent porter attention aux accents locaux, mais après quelques jours, les accents sonnaient bien à leurs oreilles. Ma mère tenait absolument à louer un chalet au bord du fleuve à L'Islet-sur-Mer, à environ 100 kilomètres à l'Est de Québec. C'est dans ce chalet que je suis née le 14 juillet 1960 à 11 h 04 un dimanche matin ensoleillé. C'était quelques jours avant le départ pour le retour californien. Ma mère marchait sur la grève à tous les jours. Ce dimanche alors qu'elle tanguait légèrement en haut de la petite montée conduisant au chalet, elle perdit ses eaux... mon père accourant pour l'aider à s'étendre dans la chambre du chalet, les contractions m'expulsèrent avant même l'arrivée en urgence du médecin du village. Depuis ce jour, je possède trois nationalités : l'une française par ma mère, l'autre étatsunienne par mon père et canadienne parce que je suis née sur cette terre nordique.
- Bien que j'aie habité et travaillé dans plusieurs régions du monde, je n'ai jamais vécu au Canada à ce temps-là. J'ai monté pour la première fois dans un avion âgée seulement de quatre jours en direction de la Californie. Mon baptême de l'air fût le prélude duquel allait suivre d'innombrables déplacements sur les cinq continents. Voilà l'endroit où je suis née.
- Mais tu sais sans doute que j'étais considérée comme une globetrotter : j'ai vécu plus de trois ans dans 32 régions sur les cinq continents. Grâce à mes recherches, à mes cours, à mes séminaires, et à mes conférences, j'ai pu aussi découvrir le monde. Tu vois Antoine, on se ressemble un peu, nous sommes curieux et désireux d'apprendre.
- Rappelle-moi combien de temps astu prévu pour notre rencontre? Ma mémoire est vieille et fatiguée. Ne te surprends pas si parfois elle défaille.
Guy Laprise
(suite dans la prochaine édition de votre journal)