La première partie du BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) sur le projet d’Oléoduc Énergie Est a enfin permis un face-à-face fructueux du public avec la compagnie Oléoduc Énergie Est (filiale exclusive de TransCanada Oil Pipelines). Elle a permis de jeter une lumière crue sur l’inacceptabilité de ce projet.

La vigilance des citoyens, qui ont soumis le promoteur et les experts invités à des salves ininterrompues de questions pertinentes et bien documentées, a fait toute la différence. Sans revenir sur l’imbroglio juridique qui entoure le mandat tronqué que ce BAPE a reçu du Gouvernement du Québec, que pouvons-nous en retenir?

Sécurité

?Les pipelines ne sont pas nécessairement plus sécuritaires que le train pour le transport du pétrole, selon le Bureau de la sécurité dans les transports (BST).

?L’Oléoduc Énergie Est (ÉE) ne débarrasserait pas les chemins de fer du Québec des convois pétroliers.

Économie

?L’apport de l’Oléoduc ÉE à l’industrie pétrochimique québécoise serait négligeable. Une très faible proportion du pétrole transporté serait raffinée au Québec ou au Nouveau-Brunswick. Le reste, au moins 900 000 sur 1,1 million de barils par jour, serait exporté.

?L’Oléoduc ÉE ne serait pas exclusif au pétrole canadien. Il transporterait aussi du pétrole de schiste du Dakota du Nord via le pipeline Upland de TransCanada. En théorie, ce pétrole américain représenterait le tiers de la capacité totale.

?Une énigme non résolue : la raffinerie Suncor de Montréal « aurait besoin », en sus de ses terminaux portuaires et ferroviaires et aux 300 000 barils qui circulent quotidiennement dans la canalisation 9b d’Enbridge, d’un accès direct aux 1 100 000 barils qui transiteraient chaque jour dans Énergie Est. Et ce, pour assurer la diversité de son approvisionnement de 137 000 barils de pétrole brut par jour!

?La viabilité économique du projet est douteuse puisqu’il est incompatible avec les cibles de réduction de consommation d’hydrocarbures fossiles que le Québec et le Canada se donneront dans la foulée de l’Accord de Paris.

Environnement

?TransCanada est toujours en discussion avec des expéditeurs afin d’exporter du pétrole des sables bitumineux sur le Saint-Laurent à partir d’un port situé au Québec.

?Le bitume dilué de l'Alberta (ou dilbit), un des 40 types de pétrole qui circulerait dans le tuyau, est un pétrole lourd qui, après un certain temps dans l'eau, coule au fond et devient presque impossible à récupérer. Il serait carrément irrécupérable pendant les périodes où le fleuve Saint-Laurent est envahi par les glaces.

?Sans que cet écart ne soit expliqué, le « pire scénario vraisemblable » de TransCanada ne coûterait « que » 619 millions de dollars à « nettoyer », alors qu’un déversement réel comparable, qui s’est produit dans la rivière Kalamazoo (Michigan, 2010), a coûté jusqu’ici 1,2 milliard de dollars.

?Il existe un lien indéniable entre Énergie Est, la hausse de production de pétrole bitumineux de l’Ouest canadien et l’augmentation conséquente des gaz à effet de serre (GES).

Deuxième partie des audiences publiques

Cette partie du BAPE débutera le lundi 25 avril. La Commission recueillera l’opinion et les suggestions du public et se déplacera dans cinq villes du Québec, dont Lévis et La Pocatière. Elle entendra toute personne, tout organisme, tout groupe ou toute municipalité qui désire s’exprimer sur le projet, que ce soit sous forme de mémoire ou de présentation verbale. Elle recevra aussi tous les commentaires que les citoyens lui feront parvenir par l’entremise de son site Web.

Le président du BAPE, M. Joseph Zayed, a régulièrement invité les personnes à soumettre leur opinion dans cette partie importante. Nul besoin que ce soit un document élaboré ou savant : l’avis de la population sur le projet est au coeur de l’exercice de la Commission et il est important de profiter de cette unique occasion que nous aurons pour nous faire entendre. Voici les dates à retenir :

a)Avis d’intention de soumettre un mémoire : avant le 31 mars, à midi.

b)Dépôt du mémoire : au plus tard le 20 avril, à midi.

c)Commentaire par formulaire web : au plus tard le 20 avril, à midi.

Vous trouverez sur le site de la Commission (www.bape.gouv.qc.ca) une information détaillée ainsi que la documentation déposée, sans oublier les webdiffusions des séances de la première partie.

Pour plus d’information ou pour obtenir de l’aide pour participer, n’hésitez pas à communiquer avec notre comité.

Anne-Marie Berthiaume

pour Stop Oléoduc Montmagny-L’Islet

stop.oleoduc.ml@gmail.com

Site internet: www.stopoleoduc.org/?